L’histoire mondiale se caractérise par la circulation des savoirs. Sapientia (« savoir ») est un projet numérique, subventionné par la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), qui vise à retracer l’élaboration, la circulation, la transformation et la mise en œuvre des savoirs en Europe au fil des siècles. Il réunit trois chercheurs qui travaillent dans des domaines qui semblent à première vue éloignés dans le temps et dans l’espace mais qui se retrouvent en fait autour d’un intérêt commun pour la circulation des savoirs : Richard Matthew Pollard en histoire intellectuelle du haut Moyen Âge, Benjamin Deruelle en histoire de la guerre de la première modernité, et Yves Gingras en histoire des sciences modernes (s. XVIII–XX). Tous trois sont professeurs-chercheurs au département d’histoire de l’UQAM.
En dépit de leurs champs distincts, chacun cherche à reconstruire la circulation des savoirs dans leurs champs et périodes respectifs, en étudiant la manière dont les textes furent produits, diffusés, réutilisés et traduits. Sapientia est une infrastructure numérique destinée à faciliter ces recherches . Elle se compose en particulier d’une base de données à la fois considérable et flexible, rassemblant des textes et des données qui les décrivent. Si de nombreux seront ici numérisés pour la première fois, tous y seront encodés et enrichis spécialement grâce à une plateforme d’édition et de recherche innovatrice. Cette base de données permettra aux chercheurs à travers le monde d’observer comment des milliers de textes furent copiés ou recopiés dans des manuscrits ou imprimés ou réimprimés dans des livres, d’identifier les lieux et les époques de leur diffusion, et de comprendre comment les anciens écrits théologiques, militaires et scientifiques furent reçus, appropriés et travaillés dans le monde intellectuel Européen et au-delà. La plateforme Sapientia permettra aux chercheurs et chercheuses de dresser un tableau des textes importants des neuvième, seizième, ou même dix-neuvième siècle.
Dans une perspective plus large, Sapientia unira finalement trois domaines distincts pour poser les fondements d’une nouvelle histoire intellectuelle de l’Europe, basée sur des données quantitatives massives.